Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le cri du projectionniste le soir au-dessus des gens

Le cri du projectionniste le soir au-dessus des gens

Star Wars 9, pudding spatial

Publié par Dominique Terrier sur 6 Janvier 2020, 11:13am

Catégories : #Cinoche

Star Wars 9, pudding spatial

Le film à chroniquer jouant à fond la carte de la nostalgie je vais commencer par une séance souvenirs-souvenirs. C’est en 1978, au CNP Villeurbanne, que j’ai découvert La Guerre des étoiles. J’avais dix-neuf ans, toutes mes dents, j’étais déjà mordu de cinéma. Depuis 2001 L’Odyssée de l’espace, dix ans plus tôt, l’amateur de SF sur grand écran n’avait pas grand-chose à se mettre sous la dent. Il est vrai que pour rivaliser avec le film de Kubrick il faut se lever de bonne heure comme disait Marcel Proust. Les années 70 nous gratifiaient cependant de bons films du genre policier (Altman, Les premiers Scorsese et le Chinatown de Polanski), de films politiques souvent italiens (1900 de Bertolucci), de films catastrophes bien gratinés (La Tour infernal, Tremblement de terre) sans oublier quelques bons films d’horreur (Carrie de De Palma ou Halloween de Carpenter) et de films d’auteurs pas piqués des hannetons ( La Grande Bouffe de Marco Ferreri) mais de SF comme on en rêvait ... que nenni.

Georges Lucas est arrivé et a renversé la cabane sur le chien. Son film était merveilleux, plein d’humour et d’action, les acteurs attachants et les robots sympathiques. Le scénario tenait sur un timbre-poste mais on s’en foutait : on avait enfin un film de SF pour tous les publics qui convenait à l’amateur de castagne et au fan de western tout en comblant de bonheur  les lecteurs de BD ou de la Bibliothèque Rose et surtout Verte.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Lucas a vendu le bastringue à Disney et a ramassé un chèque avec un nombre de zéros qui donne le vertige. Pour le dernier épisode, celui qui doit conclure quarante années de bastons spatiales à coups d’épée laser, Disney a fait appel encore une fois à J.J. Abrams, l’homme qui redresse les franchises en difficulté comme Hercule redresse les barres de fer. Abrams a relancé Mission Impossible de façon magistrale et en a fait autant avec Star Trek, il rénove les séries TV désuètes, épuisées par les contraintes du grand écran, pour en faire des vrais bons films d’action, le gars est une sorte de Mirror qui fait briller les vieux couverts.

Le problème, avec Star Wars 9, est que le petit génie J.J. Abrams n’a plus grand chose à faire briller, à part sa réputation de bon artisan et son compte en banque bien sûr. Le scénario est pompé sur le premier Star Wars, celui de 1977, la seule différence notable est que les petits-enfants des héros de la saga se combattent avec les épées laser de leurs grands-pères respectifs. Le casting frise la catastrophe, l’héroïne a autant de charisme qu’un morceau de cabillaud congelé, à des années-lumière du charme naïf de Carrie Fisher ou de celui plus venimeux de Nathalie Portman. Harrison Ford et Mark Hamill sont sortis de la naphtaline pour deux courtes scènes complètement inutiles à l’intrigue, mais leur petit cachet a sans doute amélioré leur retraite par points. J’ai même eu l’impression que les robots et Chewbacca jouaient moins bien qu’avant, c’est dire l’ampleur du tsunami  cinématographique.

Voilà, je termine, je sais que les fans vont me massacrer, mais franchement j’ai trouvé le temps très long devant cette suite de rebondissements qui ne rebondissent plus du tout. En ajoutant les 12 minutes de générique final que le projectionniste est obligé d’avaler, le pudding spatial est bien indigeste.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents