L'Origine du mal

J’étais tiède avant d’aller voir L’Origine du Mal. Mitigé. La bande-annonce, un brin grandiloquente, ne m’avait pas emballé, ça sentait le film français laborieux avec des personnages caricaturaux, une histoire capillotractée et un casting composé de comédien(ne)s ultra confirmé(e)s, pour ne pas dire âgé(e)s, et d’actrices « à la mode » que l’on voit beaucoup, pour ne pas dire trop. Je me suis trompé. Comme dit le proverbe on a le droit de se tromper mais pas de tromper les autres, donc je vous le dis tout net : le film de Sébastien Marnier est une bonne surprise, il est réussi.

Le cadre du récit est très référencé, mais c’est une référence que j’adore. On se croirait dans Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock. Une île avec une maison peuplée de plusieurs femmes et d’un seul homme. Une oie blanche (?), aux grands yeux étonnés, qui arrive par bateau et qui sème la zizanie dans la maisonnée. Pas de corbeaux déchaînés ni de mouettes tueuses, certes, mais une ambiance bien lourde, bien écrite et bien filmée. On pense aussi à Marnie, toujours du vieil Alfred, quand le passé de l’héroïne se dévoile peu à peu. On pense aux Félins de René Clément pour la diabolisation de l’ensemble du casting féminin. On pense aux films de Chabrol où les bourgeois s’entredévorent sans pitié. Difficile d’en dire plus sur l’intrigue sans dévoiler les multiples facettes de ses rebondissements. Jacques Weber et Dominique Blanc impressionnent, Laure Calamy est convaincante dans un rôle inhabituel et Dora Tillier joue la salope avec beaucoup de classe. Les cadrages et les prises de vue sont soignées et le réalisateur envoie un beau clin d’oeil à Brian De Palma en utilisant le split screen, écrans multiples en français, pour manipuler le spectateur.

Du bon boulot, du bon spectacle, du bon cinoche français. Que demande le peuple ?