C’est le film allemand à voir en ce moment, on peut même dire que c’est le film tout court à voir en ce moment. Tendu comme une corde de guitare de la première à la dernière image, La salle des profs est la bonne surprise cinématographique de nos voisins germains, la seconde de la période si l’on compte le merveilleux, et détendu, Perfect Days de Wim Wenders, film allemand d’inspiration profondément japonaise tourné à Tokyo.
La salle des profs est un retour aux sources du cinéma-vérité à la Werner Herzog, c’est-à-dire filmé au plus des personnages, sans artifices, sans fards et surtout sans aucune approche mélodramatique. Le récit, centré sur une jeune enseignante de mathématiques prise dans un tourbillon de rumeurs qu’elle a créé involontairement en voulant l’éviter. Acculée dans ses derniers retranchements et délaissée par le corps enseignant qui devrait la défendre, la jeune femme va devoir lutter seule contre un courant contraire.
Si le piège qui se referme sur l’enseignante est moins cruel que celui qui se referme sur le criminel de M le Maudit de Fritz Lang on peut y détecter une certaine ressemblance, en particulier dans la tension constante générée par une mise en scène au scalpel où le climat d’insécurité qui règne dans ce collège apparemment sans histoires est palpable. L’interprétation nuancée et sensible de Léonie Benesch renforce encore cette impression de malaise.
La salle des profs est un film qui questionne, un film dont on ne ressort pas indemne, une œuvre inquiétante car tellement plausible. Comment ne pas faire le parallèle avec le destin funeste de Samuel Paty, pris lui aussi dans une tourmente de mensonges et de rumeurs qui lui coutèrent la vie ?