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Le cri du projectionniste le soir au-dessus des gens

Le cri du projectionniste le soir au-dessus des gens

This is the end (4)

Publié par Le Projectionniste

Catégories : #A suivre ...

This is the end (4)

Liberté. Liberté chérie. J’écris ton nom sur mon ordonnance. Trois pages. Ecriture serrée. Longue comme un dimanche sans Drucker. Je l’agite. Un trophée. Etendard arraché dans la bataille avec les psys. Récompense. Malade appliqué. Fait des efforts. Bonne conduite. Ne bavarde pas en classe. Premier en section pâte à modeler. Félicitations du jury. Bon de sortie. Carte Vitale. Ne passez pas par la case départ. Ne touchez pas vingt mille. Ordonnance format A3. La fortune du pharmacien du coin. Le loto du pharmago. Adieu la nef des fous. Je suis guéri. Guéri pour eux. Bourré de médicaments mais guéri. Je peux vivre normalement. Normalement pour eux. Comme tous les gens normaux bourrés de médicaments qui vivent normalement. La normalité quoi. Près d’une officine. Livraison à domicile. Tiers-payant. Part mutuelle. Tout le Tralala. Le trip remboursé à 100%. Highway to hell. Livin’ easy. Lovin’ free.

Maladie connue. Classée. Cataloguée. Amnésie antérograde. Syndrome de Korsakoff. Sans Rimski. Juste Korsakoff. Joli nom. Un côté symphonie du Nouveau-monde. Avec des cuivres et la grosse caisse. Boum Boum. Tin Tin Tin. Exaltation du socialisme qui renverse les montagnes. Planification du bonheur. Le rouleau compresseur du Progrès social. L’avenir est devant nous. Du passé faisons table rase. Une vie nouvelle. Une nouvelle vie. Je sais pas trop dans quel ordre.

Petit tour à la Fnac. Pas mal de rééditions. Santana. Crosby Still and Nash. Je saute sur Kimono my House des Sparks. Merveille. This Town Ain’t Big Enough for Both of Us. Pas une ride. Le riff de génie. Les frères Mael. Le must. Le chevelu et l’autre. La tronche d’Hitler. Moustache timbre poste. Regard méchant. Des clowns musicaux. Tout compris les gaillards. Un train d’avance sur les autres. Au moins. This Town Ain’t Big Enough for Both of Us.

Edimbourg. C’est loin. Trente ans derrière. Deux papes. Trois présidents. Une seule femme. Elle. Qui n’est plus là. Princess street. Bras dessus. Bras dessous. Promenade. Découverte. Les Ecossaises n’ont pas froid aux cuisses. Jupes courtes malgré le soleil timide. Elles ont les joues rouges. C’est l’air venu de la Mer du Nord. Pas la honte. Une fusée de pierre noire. Gothique. In memory of Walter Scott. Le Victor Hugo scottish. Sont cintrés pour faire un monument pareil. Ou très admiratifs. Un pays où le génie de l’écrivain est reconnu. Ca existe. Serrement sur le coeur. Serment sur la vie. Never. Never. Jamais je ne te quittterai. Trop de joie. Trop de bonheur. Trop d’un seul coup. Trop beau pour être vrai. Beau comme un film de Minelli. Brigadoon en cinémascope. Avec nous dedans. Cyd Charisse. Gene Kelly. Waverley Bridge. Jeunot qui s’époumone dans une cornemuse. Vingt pences dans la coupelle. Mérités. Sacrée vacherie cet instrument. On se marre comme des bossus. On esquisse deux pas de danse. Brigadoon. La fête au village. Faudra attendre cent ans avant la prochaine. Dansons maintenant. Rien d’autre à faire.

Déambulation dans les rues de Lyon. Personne à qui donner la main. Trop de gens. Je regarde des femmes qui ne me voient pas. Trop de bruits. Je parle à des gens qui n’entendent pas. Trop de bagnoles. Des gamins qui braillent. Des vieux qui se mouchent. Des pompiers qui pimponnent. Des roumains qui folklorisent. Des minettes qui caquètent en tordant du cul. Odeur de frites pourries. Les MacDos sont pleins. Gamins qui se la pètent. Coiffures au gel. Acné en cours. Gamines qui se la jouent. Nichons en avant. Les Wonderbras ne sont pas pleins. Eux. This Town Ain’t Big Enough for Both of Us.

Le métro couine au freinage. Ding Dong. Annonce au micro. Incompréhensible. Tu Tu Tu Tu Tu. Les portes se ferment. Une vieille coince son cabas. Elle gueule. Et merde. Bandes de cons les TCL. Les portes s’ouvrent. Tu Tu Tu Tu Tu. Les portes se referment. Un contrôleur regarde la vieille à travers la vitre. Le métro s’ébranle. La vieille fait un bras d’honneur. Espèce de guignol. Va te faire mettre. La journée commence bien. Un vacarme. Sacré merdier. A deux doigts de faire demi-tour pour retrouver ma cellule douillette. Ma zapette de compète. Vite. Je rentre chez moi. Vite. Me jeter dans le canapé. Retour. My sweet home. Guéri.

Ce parfum. Que je ne peux pas oublier. Charlie. Elle est venue chez nous. Je le sens. Je cours dans la baraque. La pompe sanguine à plein régime. Boum Boum Boum. Les tempes gonflées. Sur la platine un disque des Doors. L.A. Woman. Message sublime. Subliminal. Un bouquin sur la table basse. Couverture verte. Guide Michelin. Londres. Je l’ouvre. Cannes tremblantes. Plus une goutte de salive. Première page. Dédicace. Cette ville est bien assez grande pour nous deux. Je t’aime. C’est tout. C’est beaucoup. C’est énorme. J’enquille Kimono my House dans le lecteur CD. Ce soir j’arrête les cachets. J’arrête de me souvenir. J’arrête les conneries. Je balance la zapette. J’installe mon fauteuil devant la porte. Guide Michelin sur les genoux. Les voyages forment la jeunesse. Et déforment les chapeaux. Je ris. Je pleure. Elle va venir me chercher.

L.A. Woman sunday afternoon. Je t’attends.

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