Dogman

S’il y a un metteur en scène clivant c’est bien Luc Besson. Certains dénoncent son côté tape-à-l’oeil et la maigreur de ses scénarios, d’autres adorent sans réserve le cinéaste qui les a immergés, encore adolescents, dans le rêve éveillé du Grand Bleu ou les tueries jouissantes de Nikita et de Léon.

Dogman ne fait pas exception à cette règle immuable des avis partagés. Conte fantastique, émouvant et sincère ou navet maquillé comme une voiture volée ?

Dogman a été projeté hier soir, dans mon village, dans le cadre du film mystère. Personne dans la salle, à part deux ou trois bénévoles, ne savait quel film on allait voir. En sortant les spectateurs étaient tous ravis, moi y compris, d’avoir vu une œuvre originale, à la mise en scène inspirée et portée par l’interprétation sublime de Caleb Landry Jones. Tous un peu surpris que Luc Besson puisse offrir encore de très bons moments de cinéma, chacun y allant de son commentaire dithyrambique. J’expliquais que la scène du hold-up canin sur le So What de Miles Davis m’avait emballé. Des chansons d’Edith Piaf, que je n’apprécie guère d’habitude, m’avaient filé la chair de poule. 

Miracle du cinéma ou plutôt magie du cinéma, le film mystère poussait le cinéphile à s’interroger sur le mystère de cette oeuvre étrange qui ne ressemble à rien de connu mais qui dégage quelquefois une bizarre impression de déjà-vu.

Le tout et le rien, le brillant et le sombre, le tendre et le violent, c’est la patte, le style Besson, qui est omniprésent dans Dogman. Photographie soignée, prise de vues splendides, musique aux petits oignons, humour épais mais efficace, c’est le savoir-faire d’un grand réalisateur voguant contre les vents contraires mais qui garde le cap. On aime ou on n’aime pas. Moi j’aime. 

Un accessit à Caleb Landry Jones, acteur habité, qui vous fait lever les poils sur les bras.