The Old Oak

Ken Loach est vivant. Ken Loach is alive. Son engagement en faveur des plus démunis est toujours vivace et sa dénonciation des politiques destructrices d’emplois qui ont saigné l’industrie anglaise depuis l’arrivée de Margaret Thatcher au pouvoir toujours aussi convaincante. Avec Loach on ne peut pas se tromper, c’est marqué sur l’emballage, on se situe à gauche de l’échiquier politique, du côté des chômeurs et des syndicalistes. D’ailleurs les producteurs du film jouent la carte de la transparence puisque dans le DVD du film le bonus inclus est un débat entre Ken Loach, Paul Laverty, le scénariste, et Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Pas de doute sur le produit, le capitalisme et ses tares sont sérieusement sur la sellette quand Loach prend sa caméra et Laverty son stylo.

Dans The Old Oak, qui est à mon avis un de ses plus beaux films, le réalisateur anglais réussit l’exploit de brasser plusieurs thèmes qui se rejoignent avec harmonie. L’arrivée de réfugiés syriens qui génèrent des tensions dans le village, le désespoir des chômeurs qui ressassent leur amertume envers un pouvoir politique qui leur a ôté tout espoir dans une vie meilleure, le tout baignant dans une atmosphère où la fraternité laïque et la foi religieuse trouvent un terrain d’entente : servir des repas gratuits aux plus pauvres dans l’arrière-salle du Old Oak, pub à l’ancienne métamorphosé en Resto du Cœur coloré et multiculturel.

Le casting est le point fort du film, les actrices et les acteurs sont plus vrais que nature et semblent filmés à l’improviste, bigger than life / plus grand que la vie comme on dit là-bas. Ken Loach, 88 ans en juin prochain, ne fait pas dans la dentelle et dénonce le racisme et l’intolérance avec la fougue d’un jeune homme épris de justice sociale, il ne transige jamais avec ces choses-là, c’est tout à son honneur.

On ne peut que s’incliner devant le courage et la ténacité de ce cinéaste unique en son genre, espérons qu’il pourra encore nous offrir quelques pépites cinématographiques. Si on pense trop à son âge il nous manque déjà, alors profitons du bonhomme pendant qu’il tourne encore.