Attention Perdrix. Ralentir.

Chroniquer Perdrix n’est pas simple car ce n’est pas un film simple même s’il en a l’air. Le film se passe dans les Vosges, dans cette France rurale et périphérique qui fait parler d’elle depuis quelques mois avec le mouvement des Gilets Jaunes mais aussi avec Leurs enfants après eux, le prix Goncourt de Nicolas Mathieu. D’ailleurs on assiste dans ce film à une mini insurrection de révolutionnaires naturistes, clin d’oeil malicieux de l’auteur à toutes les formes de contestation, même les plus saugrenues. Il faut préciser que c’est le premier film, écrit et réalisé par Erwan Le Duc, et qu’il s’en tire plutôt bien. Peut-être un petit peu trop écrit, justement, limite discours intello, renforcé par l’interprétation grandiloquente à la Greta Garbo de Fanny Ardant qui, comme d’habitude, préfère la jouer compliqué quand elle peut la jouer simple. L’histoire de ce gentil gendarme qui rencontre l’amour en la personne d’une jeune fille perchée et sans filtre a le mérite d’être originale et le metteur en scène la traite de manière non conventionnelle, avec quelques maladresses mais aussi beaucoup de sincérité. Un accessit à toutes les scènes se déroulant à l’intérieur de la gendarmerie, ce sont des bijoux d’humour nonsensique et poétique à déguster sans modération. Swann Arlaud et Maud Wyler, les deux interprètes principaux, sont remarquables dans des rôles difficiles, entre le tragique et le comique, entre le rire et les larmes, entre le sérieux et l’absurde. Un premier film qui a les défauts de ses qualités et inversement, à vouloir être trop original il risque de lasser le spectateur au bout de trente ou quarante minutes. A voir pour se faire un avis, le lien est mitigé et je le partage avec vous.