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Le cri du projectionniste le soir au-dessus des gens

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Mon chien Stupide, le vie secrète de l'écrivain

Publié par Dominique Terrier sur 25 Novembre 2019, 15:23pm

Catégories : #Cinoche

Mon chien Stupide, le vie secrète de l'écrivain

Henri, cinquante ans, marié depuis un quart de siècle, quatre enfants, "écrivain paresseux, vautré dans sa nostalgie et ses regrets" comme le dit si bien son épouse excédée, fait sa crise. Sa mauvaise humeur et sa mauvaise foi font le vide autour de lui, il ne lui reste plus qu’un gros chien abandonné et un roman à terminer comme compagnons d’infortune. Après avoir toucher le fond, est-ce qu’il trouvera l’énergie nécessaire pour remonter à la surface afin de redevenir un bon père, un bon mari et un bon écrivain ?
À première vue ce film a tous les défauts des comédies françaises du moment. La famille, où personne ne travaille, n’a aucun problème d’argent car l’écrivain, improductif depuis des lustres, touche des avances mirobolantes d’une éditrice mécène comme on ne doit pas en rencontrer souvent, à part, peut-être, au cinéma. Tout ce petit monde est logé dans une immense maison hyper moderne au bord de l’océan, style Les Petits Mouchoirs, on se demande bien pourquoi personne n’est content. On nage en pleine crise existentielle bourgeoise, l’écrivain paresseux passe son temps à râler après ses enfants et sa femme qui, d’après lui, l’empêchent de travailler. Dès qu’il soulève le capot de son ordinateur portable, notre auteur en pyjama s’allume un cigare, boit un verre et s’en va promener son chien nommé Stupide. Si on survole le sujet ça ressemble à s’y méprendre à une bonne grosse pièce de boulevard avec portes qui claquent et amants dans le placard. Mais le film d’Yvan Attal mérite mieux, j’ai passé un bon moment devant l’écran je dois le reconnaître. Il adapte le livre de John Fante avec appétit, on ne peut pas lui reprocher son manque d’enthousiasme, on sent qu’il a aimé l’univers de Fante. La première demie heure est drôle, grinçante à souhait, bien enlevée, avec une voix off désabusée remplie d’un cynisme poilant. L’heure restante est un brin longuette, un peu triste parfois car le propos devient plus sombre, les dialogues s’étirent, les sourires se figent et les faux semblants sont balayés par la vérité toute nue, l’écrivain débraillé découvre dans sa solitude qu’il ne faut jamais demander aux autres ce que l’on ne peut pas leur offrir et qu’il faut parfois se sortir les doigts du c.. pour accoucher d’un bon livre. Les scènes entre Yvan Attal et son épouse à la ville Charlotte Gainsbourg sont troublantes, presque gênantes, le spectateur a l’impression de regarder par le trou de la serrure de leur chambre. Même s’ils s’en défendent, les deux comédiens ont poussé l’introspection très loin, la dernière scène le démontre admirablement. Ce couple qui se regarde, les yeux dans les yeux, dans le silence, vaut plus qu’un long discours. Mon chien Stupide, un film-miroir, à lire entre les lignes, en oubliant les mots.

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