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Le cri du projectionniste le soir au-dessus des gens

Le cri du projectionniste le soir au-dessus des gens

Misanthrope

Publié par Le Projectionniste sur 3 Septembre 2023, 10:05am

Catégories : #Coups de coeur

Misanthrope
Le premier film américain de Damian Szifron est étrangement très anti-américain, c’est d’ailleurs cette particularité qui lui donne toute sa valeur. Le phénomène de tuerie de masse est désigné par le réalisateur argentin comme une tare originelle qui plombe l’Amérique, une syphilis insoignable, une maladie congénitale que ses citoyens véhiculent tous, peu ou prou, puisque même les représentants de l’ordre tuent parfois de manière irrationnelle. Le portrait est au vitriol, c’est le moins que l’on puisse dire.
Baltimore. La nuit du nouvel an. Des gens, en train de faire la fête, tombent sous les balles d’un tueur invisible. Une véritable hécatombe. Le FBI, sous pression, enquête tant bien que mal. Un suspect se suicide, des suprémacistes blancs sont abattus, les pistes se refroidissent sans cesse, les échecs succèdent aux échecs. Les politiques font semblants de croire qu’en arrêtant le malade on va les débarrasser de la maladie. Mais personne n’est dupe : la violence inhérente à la société américaine ne se réglera pas avec un mandat d’arrêt ou une balle de revolver.
Au détour d’une scène on entend parler de la NRA et du Klu Klux Klan, les pustules visibles d’un pays qui n’a jamais raccroché son fusil au ratelier. Le tireur d’élite ne chasse plus le bison dans les grandes plaines, il dézingue ses concitoyens dans les grandes surfaces ou dans la rue. L’instinct de mort est le même et les armes sont toujours en vente libre. À l’ouest rien de nouveau.
Filmé avec virtuosité, avec juste ce qu’il faut de scènes chocs, doté d’un casting irréprochable d’où émergent l’excellent Ben Mendelsohn et la surprenante Shaleine Woodley, Misanthrope déçoit légèrement sur la fin après nous avoir offert une heure et demie de très haut niveau. La résolution de l’affaire expose, sous la forme d’un diagnostic assez fouillé, la personnalité du tueur et ses motivations, mais ne tient pas toutes les promesses d’un récit jusque-là passionnant.
Le très grand film était à portée de fusil, le coup passa si près. Excusez la métaphore guerrière. Une chose est sûre : Damian Szifron joue dans la cour des grands. Ne boudant jamais son plaisir, le cinéphile heureux constate que la dernière image laisse présager d’une suite qu’il attend avec impatience.
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