Mystère à Venise

Inutile de tourner autour du pot et d’en rajouter plusieurs couches : je me suis copieusement ennuyé. Si je ne me suis pas endormi pendant la projection de Mystère à Venise c’est uniquement à cause des effets sonores aussi exagérés que grotesques, j’y reviendrai plus loin. 

Il faut reconnaître les mérites de Kenneth Branagh, grand admirateur d’Agatha Christie, qui a su rénover le genre Whodunit avec les deux précédentes enquêtes d’Hercule Poirot. Il a fait la poussière en glissant intelligemment des effets spéciaux numériques dans ces récits vintage et, cerise sur le pudding, sa merveilleuse interprétation, toute en subtil cabotinage, a remporté l’adhésion des fans les plus pointilleux de la romancière. Le voyage mouvementé de L’Orient-Express et la croisière sur le Nil sont d’excellents souvenirs de cinéphile. Jamais deux sans trois, c’est la sagesse populaire qui le dit, mais ici l’adage ne se vérifie pas du tout, Branagh a remis ça et c’est le coup de trop.

Abusant sans limites de plans déformés, voire de travers style Expressionnisme allemand, utilisant les vieilles ficelles du film-qui-fait-peur, bruits suspects, voix d’enfants, murs qui vibrent, objets qui se déplacent, j’en passe et des meilleures, Branagh se plante dans les grandes largeurs, y compris dans la construction d’un scénario incompréhensible. Hercule Poirot est au plus mal, sa résolution de l’intrigue, capillotractée et mystique, n’est pas convaincante du tout, c’est le moins que l’on puisse dire. Reste de belles vues de Venise, heureusement dirons-nous, même un photographe débutant doit être capable de se promener dans Venise pour nous offrir quelques plans de de gondoles et de pigeons sur une place humide, c’est le minimum syndical dans un endroit pareil. 

Voilà, je suis sévère mais la déception est là, je pensais passer un bon moment, ludique et mystérieux, façon Cluedo, et j’ai failli compter les moutons en m’endormant devant tant de lourdeur.