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Le cri du projectionniste le soir au-dessus des gens

Le cri du projectionniste le soir au-dessus des gens

Une bonne année (3)

Publié par Le Projectionniste sur 2 Février 2023, 14:06pm

Catégories : #Chroniques cinéma

Une bonne année (3)

Continuons notre voyage dans l’année 1959 pour laquelle j’ai une tendresse particulière.

La Vache et le prisonnier d’Henri Verneuil est le plus gros succès au box-office de 1959, un triomphe pour Fernandel, dans la foulée des Don Camillo, série qui s’essouffle quelque peu après le troisième opus La Grande bagarre de Don Camillo. Fernandel, prisonnier de guerre, s’évade d’une ferme allemande avec une vache prénommée Marguerite et un seau en fer-blanc. L’acteur incarne ici le Français moyen, opiniâtre et débrouillard, face à l’organisation froide et déshumanisée du geôlier allemand. Un film multi-rediffusé à la télévision, succès d’audience assuré prouvant à chaque fois que la popularité de Fernandel est intacte et qu’il a une place à part dans le coeur des Français, en compagnie de Bourvil et de De Funès.

Archimède le clochard de Gilles Grangier est le véhicule idéal pour un Jean Gabin hirsute et coléreux, amateur de vin blanc et ennemi farouche du travail en usine. Les dialogues de Michel Audiard sont au diapason du talent de l’interprète. On notera quelques répliques grandioses comme : « Cette seconde bouteille, tu la sors de la glace ? C’est pas le Nautilus ! » ou « Offres d’emplois : pièges à bagnards ! », on y retrouve tout l’humour volontiers anarchiste et vachard d’Audiard déclamé par un Gabin en état de grâce. Une perle cinématographique à voir ou revoir.

J’irai cracher sur vos tombes de Michel Gast n’a pas laissé de trace dans l’histoire du cinéma, mais il est malheureusement connu pour un fait tragique : Boris Vian, qui désapprouvait l’adaptation de son roman, est victime d’un malaise au début de sa première projection, le 23 juin 1959, au cinéma Le Marbeuf à Paris. Il s’effondre dans son siège et meurt d’une crise cardiaque avant d’arriver à l’hôpital. La preuve était faite qu’un mauvais film peut provoquer de regrettables dégâts. Quelques mois plus tard, en novembre, c’est Gérard Philipe, Fanfan la Tulipe, puis en décembre, Henri Vidal, marié à Michèle Morgan, qui désertent les écrans définitivement. Excusez-moi pour cette rubrique nécrologique mais 1959 ce n’est pas que des naissances, visiblement la barre des quarante ans n’était pas facile à franchir.

Dans Babette s’en va-t-en-guerre de Christian-Jaque, c’est Brigitte Bardot, jeune provinciale embarquée dans la Résistance, qui déclame du Audiard. Son charme candide associé au génie comique de Francis Blanche, Papa Schultz, chef de la Gestapo, fait des ravages. Quelques répliques de Papa Schultz vont rester célèbres : « Le monde est plein d’ennemis du Reich, camouflés, clandestins, têtus. Essayez donc de faire avouer à un Japonais qu’il est juif. Vous verrez si c’est facile ! ». La « Kolossale finesse » de Papa Schultz servira de modèle à Jacques Villeret pour son interprétation du demi-frère d’Hitler dans Papy fait de la résistance. Petite anecdote dont je suis friand : Gérard Oury a réécrit le scénario dont la première mouture avait été refusée par BB. Une comédie un peu oubliée, certes, mais qui mérite d’être réhabilitée puisqu’il s’agit du premier film français à traiter de la Seconde Guerre mondiale sur le mode de la comédie.


 

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