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Le cri du projectionniste le soir au-dessus des gens

Le cri du projectionniste le soir au-dessus des gens

Babylon

Publié par Le Projectionniste sur 14 Février 2023, 18:21pm

Catégories : #Coups de coeur

Babylon

J’ai adoré ce film. Un régal. J’en ai pris plein les mirettes. Voilà, je pourrais m’arrêter là, mais j’ai une réputation à défendre, un standing de chroniqueur à maintenir. Je continue, quitte à faire trop long.

Babylon. Une ambiance incroyable, une musique omniprésente qui colle parfaitement à l’action, des plans séquences à foison, une scène d’ouverture éléphantesque, des comédiens fabuleux, une actrice intouchable, Margot Robbie, qui laisse loin dans son sillage une meute de comédiennes célèbres probablement surestimées, une actrice déjà au sommet d’une carrière qui n’en finit pas de commencer, ici on peut parler de performance sans galvauder le mot, surpasser un Brad Pitt exceptionnel n’est pas donné à tout le monde. Et puis franchement, entre nous, quelle autre actrice au monde pouvait porter une robe rouge aussi minuscule avec autant de classe ?

Le lien de parenté avec le Il était une fois Hollywood de Tarantino saute aux yeux, les acteurs sont les mêmes, mais Chazelle va plus loin en reproduisant carrément certaines scènes du film de son collègue. Celle où notre starlette rentre dans une salle de cinéma pour se voir sur grand écran a un merveilleux goût de déjà-vu.

Un grand film. Rien à jeter. Certains font la grimace sur les 80 millions de dollars de budget du film, j’ai envie de leur dire : « Franchement ça les vaut, sans aucune discussion ». Pour info, le nouvel Astérix de Canet a coûté 65 millions d’euros. Je ne manquerai pas de faire le comparatif dans une prochaine chronique. Affaire à suivre.

C’est sa fascination pour une époque révolue, au parfum de scandale, que tente de transmettre Damien Chazelle. C’était il y a un siècle, à Hollywood, et de la pellicule a coulé sous les ponts. Clara Bow, la Hit Girl, premier sex-symbol du cinéma muet, et John Gilbert, beau mâle à la fine moustache qui distillait son spleen très shakespearien sur les plateaux de tournage, sont bien oubliés aujourd’hui. Sauf par un cinéphile comme Damien Chazelle. Réincarnés par Margot Robbie et Brad Pitt, ils représentent les deux faces d’une même pièce, la jeune femme pauvre, née dans un taudis de Brooklyn, et l’acteur bien né, tous deux devenus célèbres en s’affranchissant, avec plus ou moins de bonheur, de leur carcan social. A Star is Born. D’accord, l’histoire n’est pas nouvelle, mais elle est tellement belle.

Dès l’enfance je me suis intéressé aux débuts de Hollywood, ses grands films muets et ses grands réalisateurs n’ont pas de secrets pour moi, ses faits divers bien croustillants non plus. Et oui, quand on est curieux, fouiller dans les poubelles de l’histoire (avec un petit h) est une seconde nature. On retrouve dans Babylon tout ce qui remplissait les poubelles aux couvercles dorés de la Mecque du cinéma.

L’inculpation de Fatty Arbuckle pour le meurtre de l’actrice Virginia Rappe, l’assassinat du metteur en scène William Desmond Taylor, la mort subite de la star Rudolph Valentino, la vie quotidienne des vedettes n’avait rien d’un long fleuve tranquille, mais il y avait de belles compensations tout de même. Les créateurs pouvaient se faire plaisir, et faire plaisir au public, avec cet art encore tout neuf. Quand les dollars coulent à flots, ça vaut le coup de se lever le matin, l’espérance de vie aléatoire n’étant qu’une inconnue de plus dans la trajectoire incertaine d’une star de l’écran. Marion Davies avait un salon entièrement patiné d'or parmi les cent pièces de sa villa en bord de mer, Gloria Swanson faisait sa toilette dans une salle de bains en marbre noir et Rudolph Valentino trouvait le repos dans une chambre de la même pierre, doublée de cuir anthracite.

Pour celles et ceux qui souhaitent plus d’informations, il suffit de taper ces noms dans Google, ils auront un bon paquet de pages à lire, car ces gens-là ont fait couler beaucoup d’encre, de larmes et de sang du temps de leur splendeur. J’encourage tout le monde à aller voir Babylon. Trois heures de projection qui ne s’oublient pas facilement.

 

 

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