Un coup de dés

Yvan Attal avait toutes les cartes en main pour réussir un bon thriller : super casting aux CV irréprochables, décors niçois propices aux intrigues de riches, scénario tordu comme la jambe d’un chien, musique à la Bernard Hermann, budget voiture faramineux, yachts de milliardaires russes, carafes en cristal pleines de whisky 24 ans d’âge. Tout était là vous dis-je, plus qu’à se baisser pour ramasser des César façon Ne le dis à personne du copain Guillaume Canet. Jusqu’au hasard promis dans le titre qui mettait l’eau à la bouche au cinéphile amoureux de Chabrol et d’Hitchcock.

Qu’est-ce qu’on voit à l’arrivée ?  Un thriller maladroit, asthmatique, sans rythme, avec des dialogues souvent à la limite de l’absurde et des rebondissements tirés par les cheveux. La maitresse fait une malheureuse glissade, d’accord, ça passe. L’amant fait un AVC, admettons. La femme trompée va en prison sans aucune preuve, euh là ça devient lourd. La femme pas trompée mais presque se tue en voiture, la goutte d’eau qui fait déborder le vase de nuit. Impossible de s’immerger deux secondes dans un tel récit cousu de gros fil blanc. On se croirait dans Meurtres à Oléron sur France 3.

La cerise sur le gâteau : une voix Off qui nous taraude les esgourdes du début à la fin, oui vous avez bien lu, du début à la fin. Du jamais vu à part, peut-être, dans Amélie Poulain. Le prologue, moi je veux bien, une petite voix Off style Je me souviens c’est faisable, mais tout au long du film c’est le plantage assuré.

Comme son héros, Yvan Attal accumule les maladresses et reste assis dans un avion qui ne décolle jamais, il a trop compté sur le hasard qui fait bien les choses mais comme disait Einstein : Dieu ne joue pas aux dés.